Aujourd’hui je commence une aventure, une à mon maigre niveau : le TET France.

Le T.E.T. qu’est-ce que c’est ? Je sais qu’une partie d’entre vous sait déjà de quoi il s’agit mais pour les autres, le TET c’est le Trans Euro Trails. Toute une sélection de chemins pour trails (des grosses motos à mi chemin entre la route et le tout terrain), ces chemins sont légalement empruntables en véhicules motorisés, d’un niveau accessible aux tanches dans mon genre. Bref le truc idéal pour partir à l’aventure en dehors des routes et redécouvrir ce beau pays qu’est la France (les autres ça sera pour plus tard !)

Maintenant parlons un peu de ce mini voyage, cette micro aventure ! (Oui pour moi tout est aventure.) Pourquoi maintenant, comme ça, limite sans préavis ? Et bien en fait j’en avais besoin. C’est pas la joie en ce moment : la guerre, le boulot, le prix des matériaux pour la rénovation… Tout se cumule et ça commence à faire beaucoup de choses en même pour le petit être fragile que je suis. J’avais besoin d’un break absolu ! Partir tout seul à l’aventure, vers « l’inconnue », même si c’est un grand mot c’est bien ça. Ne rien planifier, uniquement préparer Angie pour un bout de chemin pour une durée de trois à quatre jours. Voir plus si j’en ai envie!!

Fin de préambule passons aux choses sérieuses : Le TET. Dans l’idée je compte rejoindre la section qui par de Lyon et qui descend par Langogne. Avec mon pneu arrière pas neuf mais pas usé non plus, je décide de partir par les petites routes jusqu’à Chanapost. L’Ain c’est toujours sympa à traverser, j’aurais même pu emprunter une partie de la section 22 du TET qui remonte vers le Nord mais il ne faut pas être trop gourmand j’ai quand même deux cents bornes de route avant de rejoindre mon véritable point de départ.

Première petite pause parce que bon, hein ? On est pas à la pièce ! On est pas bien là ?

Je profite de ce moment d’hydratation pour contempler les cygnes qui font les cons sur cette étendue d’eau. On ne dirait pas mais c’est vachement bruyant un cygne qui amerrie en fait. Il frappe la surface de l’eau avec ses grandes ailes, c’est assez impressionnant. Mais bon pas de quoi rester non plus des heures à regarder… Du coup je repars en direction des interminables lignes droites entrecoupées de villes et de ronds points.

Heureusement qu’il y a le Rhône aussi à traverser de multiple fois…

Enfin arrivé à Chanapost, j’en profite pour faire le plein de la BM : quand on ne sait pas ce qui nous attend, autant éviter de tomber en rade au bout d’une centaine de kilomètres. Les températures sont franchement remontées : après 8,5 °C à 9 heures ce matin, il fait maintenant 22 °C et je commence à cuire avec tout mon attirail.

Le début du TET se compose de petites routes goudronnées, j’attends donc d’arriver au véritable début du TET : des chemins ! Et c’est parti pour un strip-tease improvisé : on ouvre toutes les écoutilles et on enlève les couches pluie et thermiques ! Je suis maintenant paré pour une balade fort sympathique en solo pour 4 jours dans les chemins. Il est 13 heures, il fait beau, il fait chaud : GAZ !

Comme on peut le voir :  le début est très roulant, c’est idéal pour se mettre dans le bain. Pour l’instant la trace est facile à suivre, mais j’ai quand même plus de difficulté à suivre le GPS en mode carte que sur la route : il faut vachement plus regarder où on pose les roues par rapport au bitume bien lisse ! Les chemins se font ensuite plus « engagés », même si le mot est un peu fort, avec de jolies grimpettes et de la caillasse. Comme j’ai fait le choix de ne pas prendre de matériel pour réparer les pneus je commence à serrer le fesses par peur de pincer une chambre à air. Mais ça ne devrait pas risquer grand chose car j’ai suivi les conseils du capitaine Cigalou et je roule bien gonflé quitte à perdre un peu en adhérence.

Guzi guzi il est content le motard. smile Et oui je suis bien content de ma journée. Je prends mon temps j’avance lentement effectivement mais sans chute, tout en contrôle (ou presque) . Comme je l’ai dit, mon  but c’est pas la perf c’est de décompresser. Du coup je profite vachement mieux du paysage, je prends le temps de m’hydrater parce que je transpire quand même pas mal entre mon équipement et le poids de la moto.

Je profite de cette pause pour faire une première adaptation sur mon paquetage. Ma table de camping a tendance à me rentrer dans le dos, du coup il passe à l’arrière de la moto. Je ne suis pas fan du principe d’ajouter du poids encore plus en arrière sur la moto mais tant pis, à un moment il me faut bien de la place à moi aussi! 

C’est à ce moment là que je vois arriver deux haut savoyards juchés sur leurs BMW R1250 GSA flambantes neuves. Ils s’arrêtent, on échange quelques mots c’est sympa, ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé sur route. Je les laisse partir devant parce qu’ils ont clairement un autre rythme que le mien et que j’ai pas forcément envie de rouler à plusieurs non plus. Un peu après cette  pause, il y a une petite grimpette bien caillouteuse. Typiquement le genre de truc que je m’imagine pas passer avec Angie, encore plus chargés comme nous le sommes. Et bien finalement ça passe directe !

Le temps passe, je retrouve du chemin bien roulant quand tout d’un coup, le chemin disparait sous un monticule de terre et de grosses pierres. Impossible de contourner au plus près sans passer dans un champs, ou alors faire un gros détour. Au loin j’aperçois mes deux gars de la Yaute à mi chemin à peu près de la section en travaux. Je me décide de les rejoindre au lieu de faire le tour.

Le premier pilote a réussi à passer jusqu’au bout en sortant de la rase créée par la terre et le bord du chemin. En empruntant cette petite bande d’herbe il est possible d’arriver de l’autre côté, mais il ne faut pas tomber. C’est malheureusement ce qui est arrivé au second en chutant du côté droit. Je vous laisse imaginer le poids qu’il faut relever entre la machine de 250 kg et tout le matériel dans les sacs. Ces derniers sont logiquement démontés pour être remontés un peu plus loin sur la moto. De mon côté j’ai un peu triché car j’ai pu me glisser dans un sillion de labour juste à gauche de la bande d’herbe. Ca aide d’avoir une machine qui n’a pas les cylindres à plat et qui pèse 50 kg de moins ! Malheureusement en manipulant ma visière pour avoir plus d’air, j’ai une des attaches qui a cassé et la visière ne tient plus en l’air sur les cahots du terrain.

Nous échangeons encore quelques instant avant qu’ils ne partent en premier, pendant que de mon côté je contemple les dégâts de la visière !

Côté OK.

Côté pas OK.

Du coup je reprends ma route sans visière … Et bien ce n’était pas la meilleure des idées. Oui parce qu’à la campagne il y a des moucherons (et pas qu’à la campagne d’ailleurs) et les lunettes de soleil quand il n’y a pas beaucoup de soleil ça n’aide pas à lire les chemins. Je finis par retrouver mes deux savoyards pile au niveau de la bifurcation des traces : je vais vers le sud et eux continuent encore vers l’ouest. On se dit définitivement au revoir, ils me donnent des astuces pour avoir de l’eau durant la suite de mon périple et je continue … mais pas longtemps car il y a des travaux sur la trace que je dois suivre. Toute une aventure : je vous l’avais bien dit !

Les gars me disent qu’ils en ont pour une dizaine de minutes. De toute façon avec le méga tracteur à l’endroit le plus étroit, autant dire que je n’ai que le choix d’attendre. Ce qui me laisse un peu de temps pour un speed dating avec les gueuses du coin :

Comme il n’y a pas eu de « match », j’ai repris ma route une fois celle-ci dégagée. Le TET fini par me ramener « à la civilisation » un peu au nord de Saint Etienne. Comme mes yeux commençaient à dangereusement rappeler ceux d’un lapin atteint de myxomatose, j’ai rassemblé mes deux neurones pour échafauder un plan : trouver sur le téléphone un revendeur moto, l’appeler pour lui demander s’il a un masque type enduro/cross, foncer l’acheter. Au bout de deux essais me voici enfin équipé et paré pour la suite.

Pour la suite je n’ai plus beaucoup de photos. Après avoir été obligé de faire demi tour parce qu’un monsieur a décrété que le chemin était une propriété privée (c’est faux), je suis rejoint par un motard en transalp état sortie d’usine avec quelques traces de boue quand même. Il s’appelle Maxime, il est enduriste/trialiste/trailliste. Autant dire qu’il a un autre niveau que le mien. Malgré mes mises en gardes sur mon rythme de tortue, Maxime  insiste gentiment pour qu’on fasse un bout de chemin ensemble… J’étais pas prêt ! Quand il a vu que malgré les difficultés du chemin je lui collais toujours au basques, il a haussé le  rythme ! Et là, ce fût juste excellent bien que dans un coin de ma tête tournait en boucle le fait que je n’ai absolument pas de quoi réparer une chambre à air crevée ! Et puis on s’est séparé après avoir taillé la causette et qu’il m’indique le village de Saint Genest Malifaux pour que je puisse me ravitailler en pain et trouver un spot pour dormir. Il est 18h30 et j’ai parcouru environ 90 km sur la section 26 du TET. Je suis refait : il fait beau, chaud, j’ai trouvé un camping sympa. Maintenant c’est détente, repas, écriture de cet article qui commence à être long. Et surtout il fait froid maintenant. J’ai hâte d’aller dans le duvet !