Prologue

Mercredi 31 mars 2021, Manu nous annonce que toute la France sera confinée pour quatre semaines à partir de samedi soir. Bon ce n’est plus le moment de réfléchir : Il fait beau vendredi, samedi. Mon chantier est condamné à l’arrêt une nouvelle fois, alors autant s’en mettre plein les pneus et attaquer ce confinement serein surtout qu’en Suisse le vendredi Saint est férié.

Le but : se mettre un max de kilomètres dans les roues sur des portions que je n’aurais pas l’opportunité de rouler pendant le confinement. Donc pas de col à proximité immédiate, ça tombe bien ça fait un moment que je ne suis pas allé dans la Drôme en passant par l’Isère. L’élaboration du trajet est un peu complexe, il faut tenir compte des cols encore fermés (et ils sont nombreux), des routes sympas, des routes que j’ai un peu trop empruntées pour avoir envie de les refaire et pour finir, être de retour au bercail pour 19h tapantes. Au final je ferai un compromis : le GPS m’indique 14h20 de route pour 656 km… Il ne va pas falloir trainer trop au lit !

C’est parti

Le réveil pique un peu ce matin, 6h20 j’avais perdu l’habitude. L’objectif est de partir vers 7h00 pétantes sur mon fidèle nouveau destrier : Hildr. Hildr je ne vous l’ai pas encore présentée, je l’ai acquise l’année passée, j’ai déjà roulé avec mais je n’ai pas trop fait de compte-rendu. Il s’agit d’un 701 supermoto de 2020 vendu par Husqvarna. Bref ça promet d’être intéressant.

 Je ne suis pas encore parti que je suis déjà à la bourre. Quand j’ai vu l’heure d’arrivée indiquée par le GPS je me suis dit qu’il n’était pas à l’heure. Normal je ne m’en étais pas servi depuis un bon moment. Sauf qu’en fait il était bien réglé ! Ça s’annonce sport pour tenir l’heure d’arrivée, en plus il caille avec 5°C ce qui m’oblige à m’équiper en matos hiver mais prévoir du matériel été aussi.

Autant vous prévenir tout de suite : il ne va pas y avoir beaucoup de photos. Je vais essayer ne pas raconter ma vie non plus sinon ça va faire long pour pas grand chose. En premier lieu mon objectif est le massif des Bauges, ça me parait une éternité depuis l’époque où nous nous enjouaillions à coup de petites bourres entre amis en toute cordialité. Mais cette fois-ci point de rythme effréné dans la monté du Leschaux car c’est par l’accès au Semnoz que je décide de débuter mon marathon. C’est propre y a pas un gus : je prends mon pied (et même les deux).

C’est malheureusement en écrivant ce texte que je me rends compte que la qualité de mon téléphone commence à faiblir apportant un flou certain mais non artistique à mes captures. En tout cas il y a toujours un peu de neige et il est toujours aussi bon de profiter du paysage au niveau de la station.

La suite : descendre sur le Leschaux par des lacets magnifiques quoi qu’un peu traitre en raison de l’humidité encore présente ce matin. Karadoc n’eut de cesse de le répéter : « Le gras c’est la vie! », mais sur la route à moto on s’en passe car comme disent les diététichiens : « Le gras c’est mauvais pour la santé ». Le col des Prés succédant au col de Lescaux, je quitte les Bauges pour rejoindre le massif de la Chartreuse non sans bien oublier de refaire le plein …

Enfin je suis de retour sur « mes terres », celles qui ont vu naître ma légende motocycliste ! Oui carrément une légende ! Je pense que je cassais le matériel plus rapidement que je ne parvenais à le réparer à cette époque ! Mais rassurez-vous aujourd’hui j’ai bien progressé : je suis beaucoup plus rapide sur les réparations ! laughing

Ces terres, La Chartreuse, je les ai parcouru en long, en large et de travers comme tout bon grenoblois qui se respecte enchaînant les cols du Granier, du Cucheron (le petit, le grand est sur le massif en face), le col de Porte… Heureusement qu’il y a la petite station service juste avant Saint Pierre d’Entremont sinon j’étais bon pour la poussette.

Tout en parcourant cette route au cœur du massif, ce sont des dizaines de souvenirs qui me reviennent en mémoire : premières passagères (les inconscientes), les premières frayeurs, les premières vexations (atomisé par une dame en Ducati… ça m’a marqué à vie je pense, mais elle m’a montré comment enrouler mes virages). Mais déjà il faut changer de montagne : direction Belledonne et j’ai prévu de me faire la montée sur le tracé de la course de côte de Chamrousse. La promesse d’une béatitude à enrouler délicatement cet enchainement de virages …

Hey ho c’est fini ces conneries là ? Depuis le début tu nous fais ton motard mielleux avec tes grands mots ! Je te rappelle t’a sorti la tronçonneuse alors t’arrête de faire ton lover et t’envoie du bois, faut qu’ça saigne bordel !

Ahem donc oui, ce ne fût pas tout à fait délicat comme montée. innocent Elle a le sang chaud la suédoise et ça fait plaisir. Je me suis tellement éclaté que j’ai oublié de sortir au milieu de la montée pour prendre sur Séchilienne, mais bon je n’allais pas cracher non plus sur les 6.5 km de virolos restants quand même ! Et puis bon de toute façon ce n’est pas comme si j’avais une limite de temps n’est-ce pas ?

Au loin on voit les montagnes encore enneigées, la neige c’est beau mais c’est mieux quand ça reste loin de la route !

Je reviens donc sur mes pas pour couper via le col de Luitel, je me rappelle l’avoir fait en balade de groupe avec la triumph et que c’était assez … cassant. C’est bon de voir qu’on à toujours de la mémoire car rien n’a changé. La route est jolie mais le revêtement est franchement dégradé et ça tape assez fort dans le guidon. Pour la suite, je passe faire un coucou à Louis XVI (enfin surtout au rocher qui a la forme de sa tête), admirer le temps de passer la maison des rivières pourpres, et ravitailler le pilote avant d’enquiller le col d’Ornon j’affectionne tout particulièrement.

On est pas bien là pour un petit pique-nique ? Si j’étais motivé il y avait même l’eau fraîche pour l’apéro ! Pendant la dégustation d’un magnifique sandwich saucisson-beurre-fromage accompagné de son chausson aux pommes, il est temps de faire un point carte. Et le moins qu’on puisse dire c’est que ce n’est pas brillant. La moitié du temps imparti est écoulé mais je ne suis pas vraiment à la moitié du nombre de kilomètres. Je me dis que ça va quand même le faire… mais on va quand même passer la seconde pour être sûr et faire moins de photos.

L’objectif de la journée était de descendre jusqu’au lac du Sautet, le plus directe étant de passer par le col du Parquetout… Mais ce n’est pas de chance car celui-ci était fermé, je l’ai donc contourné. Je suis quand même satisfait de voir qu’il s’agit du seul moment de la journée où j’ai du faire un demi tour devant un col fermé. Ça aurait pu être pire ! Lac du Sautet donc, puis direction Mens, Clelles histoire de refaire le plein avant d’attaquer le col de Menée en passant par celui du Prayet. Comment dire ? … La dernière fois que je l’avais fait (en Hypermotard 821) nous avions du jongler entre les grosses pierres et les traces de neige sur la route. Cette fois-ci il n’y avait plus de neige mais c’était toujours aussi pourri : le revêtement est vraiment mauvais et bosselé, les voitures ramènent énormément de gravier sur les virages à droite, le rythme est très haché… j’étais content d’attaquer la descente.

Le côté cool de la descente c’est qu’on change de département en sortie du tunnel, c’est peut-être idiot mais ça se ressent carrément quand on passe côté Drôme. Les températures remontent, il commence même à faire un peu trop chaud pour mon équipement. Mais on ne va pas se plaindre non plus. Avant d’attaquer le col du Rousset il fait quand même vraiment trop chaud et c’est l’heure du strip tease ! cool

Le soucis du Rousset c’est que c’est un peu trop réputé dans le coin. On entend hurler les moteurs depuis super loin alors qu’il n’a selon moi rien de si excitant : épingle, longue ligne droite, épingle, longue ligne droite … Du coup c’est un mets de choix pour la gendarmerie qui planque bien souvent sur le parking en haut du col.

Ca reste beau quand même quand on est en haut. Passé le tunnel on revient en Isère, la température fraîchi un peu mais reste supportable. Direction le cirque Laval en passant par Font d’Urle, je constate que même si je ne perds pas de temps sur le GPS, mon rythme a tendance à baisser … Je peux même l’illustrer !

Lent … c’est tout à fait ça ! Mais bon l’important c’est de ne pas trop perdre de temps pour tenir l’horaire tout en continuant de faire tout ce qui a été planifié.

En arrivant au col de la Machine qui marque le début du Cirque Laval, une vilaine pancarte m’indique que la somptueuse route creusée à même les flancs de falaise est fermée. Heureusement j’avais prévu le coup avec l’autre route descendant sur Saint Laurent en Royans. Et cette route … elle n’a peut-être pas le plus beau paysage mais elle est …. FAN-TA-STIQUE ! Je ne la prends jamais car je privilégie bien souvent le paysage mais si vous passez par là, un conseil : faites les deux ! laughing

Pour le reste du trajet, je n’ai fait aucune photo car je n’avais plus vraiment le temps. Mais cela ne veut pas dire que je n’ai pas fait de qualité pour autant ! Pont en Royans,  les gorges de la Bourne,Villard de Lens, Lens en Vercors, les gorges d’Engins,col de la Placette,col de Couz… Par contre entre Chambéry et Annecy j’ai pris la nationale par Aix les Bains et ce fût rude… La circulation, les lignes droites, les heures de route : horrible ! Heureusement je me suis calé derrière un local qui avait un rythme ni lent ni trop rapide et ça m’a permis de me « reposer ». Pour ne pas rester sur une mauvaise note, passé Annecy, j’ai emprunté mon itinéraire bis à moi. C’est limite plus rapide que la nationale et il y a franchement moins de circulation : Nâves-Parmelan, Aviernoz,col des Fleuries et enfin maison!

Au final j’ai fait une balade de douze heures avec selon Liberty Rider 21 minutes de pause. Cela me semble vraiment peu même si effectivement je n’ai pas beaucoup trainé. Mais j’ai roulé 690 km soit plus qu’initialement prévu, je m’en suis mis plein la panse, j’ai roulé sur des routes presque oubliées depuis le temps. Vive la moto, vive nos belles régions ! Demain on remet ça !