Ça y est c’est le grand jour ! Je vais enfin attaquer le solivage sous les combles. Oui parce que je ne démonte pas tout sous le toit uniquement pour le plaisir de bénéficier d’un toit cathédrale dans mes toilettes … En plus avec une hauteur sous plafond comme ça, ce serait un enfer à chauffer ! Globalement j’ai décidé de mettre un plancher sur toute la surface de la maison au niveau des combles. Comme c’est visible sur le fameux plan : il y a des zones sans plancher (vide 1 & 2 sur le plan) dans les combles et ce n’est pas ce que je recherche !

Bien entendu quand je dis « je » je ne suis pas seul dans cette aventure puisque Benoît mon charpentier à moi vient, pour que ce soit fait dans les règles de l’art ! Enfin surtout selon la DTU, qui réglemente la construction en bois dans notre cas. Et vendredi soir il n’arrive pas les mains vides car il m’apporte mon échafaudage tout neuf ! Mais on verra ça demain en commençant le chantier, attendant on se pose tranquillement pour grignoter et parler de ce qui va se passer dans le reste du week-end. Benoît est confiant : ce week-end on fini toute la partie atelier soit environ 70m² environ ! Pour ma part je me dis que si on en fait la moitié, voir les deux tiers je serai déjà bien content.

Le voilà ce fameux échafaudage, et je peux vous dire qu’il va servir souvent ! Avant de commencer la guerre il faut toujours établir un plan de bataille ! On commence donc par monter tout le matos nécessaire au chantier, on bricole des tréteaux qu’on renforce pour supporter le poids des solives et Benoît m’explique une dernière fois dans quel ordre nous allons procéder. D’abord tailler des corbeaux qui servent à caler les muralières et à en reprendre une partie du poids. Ensuite on taille les muralières qu’on va fixer sur les poteaux après y avoir cloué les sabots. On fait ça pour les deux côtés et ensuite on aura plus qu’à glisser les solives dans les sabots… Facile quoi ! laughing

Bien entendu je n’ai pas pris une seule photo de ce qu’est un corbeau pendant la taille mais vous verrez plus tard comment ça fonctionne. Donc du coup le travail de précision (la taille) c’est pour Benoît et moi avec mes deux mains gauches je suis sensé fixer ces corbeaux sur les poteaux de la charpente à l’aide de véritables pieux d’acier !

Sans blague … ces machins sont démesurés ! Nous rentrons une première longueur de bois qui va servir à tailler les corbeaux, il s’agit de la même section que pour la muralière et les solives : du 8 cm x 24 cm, en épicéa contre-collé. Nous faisons un pré débit à grands coups de tronçonneuses pour faire plaisir aux voisins ha ha ! Non je déconne tout le monde a été cool dans le quartier et je n’ai pas eu de retour concernant le bruit. En fait si on fait un pré débit c’est parce que nous avons commandé des barres de bois de treize mètres de long et que même si j’ai une grande maison ça n’entrera pas en un seul morceau ! Et puis à raison de cent dix kilos la barre de bois, même avec mon « physique d’athlète », ça ne serait pas du tout une partie de plaisir à manipuler.

Donc comme je l’ai dit : je suis chargé de la pose de ces fameux corbeaux. Voici à quoi ça ressemble et où ils sont posés :

Votre sécurité est notre priorité : l’échelle au dessus du trou menant au garage! sealed Sinon on peut donc voir qu’il y a cinq vis par corbeaux histoire que ça tienne bien comme il faut. C’est une galère sans nom à visser dans le chêne de deux cents ans car malheureusement nous n’avons pas de foret assez long pour pré-percer à la fois le corbeau et le poteau. Même ma visseuse à choc fini par caler de temps à autres et je suis forcé de finir à la main avec une clé à cliquets. A défaut de faire de belles vidéo comme pas mal de youtuber j’ai quand même pensé à faire un timelapse :

Reprise l’après midi : on ne change pas les postes : Benoît à la taille pour les derniers corbeaux, moi à la pose. On passe ensuite à la taille de la muralière, Benoît effectue un « biseau » pour faire un assemblage à sifflet. En effet notre muralière sera en deux parties pour la section principale. Et nous passons à ma partie préférée : le clouage des sabots. Mais c’est le bordel ces sabots. Déjà il faut savoir les poser (Benoît réalisera un gabarit à cet effet) pour qu’ils accueillent parfaitement la solive et qu’elle soit de niveau avec la muralière. Ensuite, il y a le clouage … Je n’ai pas planté un clou depuis que je faisais des cabanes chez mon grand oncle, il y a bien … trop longtemps ha ha. En gros le temps que je fasse deux sabots (à raison de six clous par ailette, Benoît avait fini le reste de la rangée !

On peut ensuite poser la muralière et la fixer aux poteaux, toujours à l’aide des immenses vis. Cette fois-ci, j’en mets quatre par poteaux qui doivent traverser la muralière, le cas échéant la cale du corbeau et enfin se fixer dans le poteau en chêne. Je parle de cale car la maison étant ancienne tous les poteaux ne sont pas parfaitement alignés. Pas plus qu’ils n’ont la même épaisseur ou qu’ils ne sont bien plats sur la face où on vient se fixer ! Et voilà le résultat en photo puis en images qui bougent.

La suite est simple : on recommence la même chose pour finir l’assemblage en sifflet de notre muralière et ainsi finir la longueur complète.

Bon on va accélérer un peu la narration car vous l’avez compris : maintenant qu’on a un côté de la pièce de fini il faut faire le suivant. Nous achèvons là journée sur la pose des premiers corbeaux sur l’autre côté de la pièce. Et vous pouvez me croire ça fait déjà une bonne journée pour un informaticien comme moi ! tongue-out

Dimanche on reprend de bonne heure, même si on évite de jouer de la tronçonneuse trop de tôt histoire de ne pas effrayer mes nouveaux voisins qui emménagent. Comme je le disais hier, on recommence exactement la même chose que la veille, au détail près que nous posons la première solive avant de passer à la seconde partie de la muralière. Si j’ai bien compris ça nous permet de valider au nos deux muralières sont bien de niveau et qu’on a un semblant d’équerrage. En effet c’est quand même mieux d’avoir les sabots plus ou moins les uns en face des autres.

Et enfin le Graal ! L’accomplissement de tout un weekend : on passe a la découpe et la pose des solives ! On prend quelques mesures vu que la pièce n’est pas un rectangle parfait et on se sépare pour gagner du temps. Je pars sur le poste de pré débit pour les solives pendant que Benoît effectue la mise à la bonne longueur et place les solives dans le sens qu’il souhaite. Oui parce qu’on ne dirait pas comme ça mais il y a un sens ! En fait si la solive est légèrement bombée sur la hauteur il faut mettre le côté bombé sur le haut, et si c’est sur l’épaisseur il faut mettre le côté bombé vers l’intérieur de la pièce. (NdC : Note du Charpentier, le côté bombé on appelle ça « le raide »). C’est super de voir la pièce qui se construit au fur et à mesure, mais en même temps c’est aussi ingrat car on a l’impression qu’on a rien fait (visuellement en tout cas) le reste du temps. Sauf que sans tout ce travail préliminaire, pas de belles solives. Désolé pour le timelapse suivant, j’ai un peu merdouillé sur la lumière.

Franchement à ce moment là je n’en peux plus. J’ai dû arrêter la salle de sport à cause du confinement et en bon pantouflard, je n’ai pas fait d’effort pour faire du sport tout seul. Ça se voit sur la vidéo j’ai une sacrée cabine avancée ! Bouger les barres de bois et les morceaux débités seul (plus de quarante kilos) m’a simplement achevé ! Nous ne finirons malheureusement pas tout l’atelier mais nous avons bien fait les deux tiers de la surface, et ça c’est cool ! Mais ça doit pas trop se voir sur ma tête car Benoît pense que je suis déçu de ne pas avoir fini. En vrai je suis tellement au bout de ma vie que je ne réalise pas trop ce premier jalon monumental qu’on vient de faire en deux jours. Mais le lendemain autant vous dire que j’étais comme un enfant le jour de Noël ! En plus l’un des velux laissait passer une superbe lumière pour mettre en valeur l’ouvrage ! Bravo à toi Benoît t’as assuré !

J’oubliais de dire ce qu’il se passe quand un col blanc décide de jouer les charpentiers … Tous les sabots ont été cloués aux muralières avec des clous annelés. Ceux-ci n’ont rien à voir avec les clous de quand j’étais gosse : ils disposent de stries qui font le tour du corps du clou et possèdent ainsi une résistance à l’arrachement de soixante kilos « dans les cas les moins favorables » ! (Je valide : ceux que j’ai du ôter m’ont bien résistés !) Tout ça pour dire que je me suis usé la peau du bout des doigts à les manipuler (j’ai pelé pendant toute la semaine) et que j’ai réussi à choper une ampoule … en clouant ! Oui madame Oui monsieur ! C’est une première dans l’histoire du clouage je pense. laughing