Pour tout dire cela commençait à faire un peu longtemps que je n’avais pas fait un truc dans la veine « esprit-trail ». J’avoue que ça me manquait et ce n’est pas en ponçant les vidéos youtube de Lolo, Vie de Motard et compagnie que ça allait s’arranger. Fort heureusement un copain (Lulu) me parle de l’hivernale du Vercors qu’il va faire avec des amis, je demande si je peux me taper l’incruste. Réponse affirmative : ça va être le feu ! Et je ne croyais pas si bien dire.

Pour ceux qui ne connaissent ni l’hivernale du Vercors ni Vie de Motard (pourtant j’ai fait une sortie avec eux lors de la rando TT pirate 2016 >clique ici<), je ne peux que vous conseiller d’aller regarder LA vidéo qui va bien:

Dans cette vidéo il y a tout : le froid, la neige, les galères … Mais surtout : l’entraide, les copains et ce que moi j’appelle une « aventure » !

Finalement pour diverses raisons, Lulu ne pourra pas venir à l’hivernale. Heureusement pour ne pas me laisser seul, il m’a ajouté dans une obscure conversation Facebook. Bim grâce à lui me revoici propulsé dans l’univers improbable de cette bande de copains que sont  Vie de Motard. Et c’est ainsi que vendredi 4 février, je me mets en route direction l’Ardèche pour une soirée pré hivernale chez Quentin.

Angie est chargée comme une mule et tout sur l’arrière ! Si c’est pas de la répartition des masses ça ? J’appréhende quand même un peu  le weekend. Je n’ai pas roulé depuis trois mois, ça fait neuf mois que je ne n’ai pas chevauché Angie et au moins un an que j’ai pas roulé sur neige. Je n’ai pas envie d’être le boulet qui va ralentir le groupe, je me fais donc un stage express pour descendre : moitié cols/routes sinueuses, moitié autoroute. Les virages gauches me posent problème : ça psychote dans ma tête depuis mon accident … côté gauche bizarrement. Petit passage dans les Bauges histoire de trouver froid, neige et virages.

Le reste sera assez classique et sans photo : Chambéry, Voreppe par les Échelles, autoroute et un dernier petit plaisir après Valence en passant par les Ollières-sur-Eyrieux. Un peu étonné, je suis le premier arrivé chez Quentin et il est un peu plus de 18 heures. Le reste du groupe arrive au fur et à mesure de la soirée. Tout le monde se présente, ça fait bizarre de voir toutes ces personnes (que je n’ai vu qu’en vidéo) en chair et en os. On a l’impression de les connaitre à force de suivre leurs aventures alors qu’en fait, il ne s’agit bien entendu que d’une image publique. Un peu grisé par quelques boissons, un poil intimidé aussi, je crois que j’ai été un peu trop bavard… Bha au moins ils sont au courant. laughing

Au petit matin le réveil se passe tranquillou, il fait beau dehors. Les gens émergent suivant leur affinité avec la maxime « J’ai beau être matinal … j’ai mal« . Et après le petit déjeuner chacun se prépare pour rejoindre Crest, point de regroupement du groupe au complet.

Quentin, en mode « capitaine de route« , nous fait passer par de la petite route à chèvre ardéchoise. L’occasion pour moi de voir que mon « stage » d’hier n’a pas vraiment suffit à ôter toute appréhension de ma tête. Mais pas grave, on se tire la bourre (ou pas) avec la Barbiche qui est sur son DR 350 s de 29 cv.

Cette année Julien, s’est lancé une sorte de défi avec un des Brélons Barjots : la montée du col du Rousset en solex … oui oui ! Ces gens sont tarés … ça fait plaisir de trouver des gens comme soi. Sauf qu’en l’absence de neige dans le col, le groupe moto va faire une rallonge par une piste conforme à leur hashtag : « Ça passe en roadster ». Ça tombe bien, dans tout ce fatras de trails il y a Marie en MT-07. Changement de capitaine de route avec Anto la baroude et son éternel Ténéré 1200 qui totalise plus de 200 000 km. Oui Monsieur !

Si la première partie se déroule sur des petites routes que j’aurais bien arsouillées en 701, nous ne tardons pas à faire une ultime pause avant de nous lancer dans les chemins. L’occasion d’admirer le paysage de lavande et de faire un ultime pipi-de-la-peur (oui je ne suis pas serein).

Petite grimpette qui passe mieux que je ne l’aurai cru : impeccable. Soudain j’aperçois le MT-07 devant qui trace carrément. Y a du niveau ! … Ou du gros cœur, je suis pas encore fixé. Quelques traces de neige/glace/boue commencent à faire leur apparition. Je suis à l’arrière du convoi (poste de fermeur pour la journée), quand je vois que ça s’arrête pour cause de « chute à l’avant du peloton » ! Marie vient de tomber assez lourdement avec sa toute nouvelle transalp. Je vous explique : pour faire simple, il y a deux Marie dans le groupe. L’une en roadster MT-07 et l’autre en transalp fraichement acquis. Marie-transalp vient donc de s’en mettre une bonne petite. En regardant les vidéos on voit mieux pourquoi le crashbar a plié.

Pour être tout à fait franc, j’aurais plutôt parié sur Marie-roadster pour la première chute. La suite me donnera tord. Pendant les checks de la motos certains en profitent pour remettre les bagages qui commencent à se faire la malle à cause de sangles fondues. Le convoi peut reprendre sa route…

Toujours fermeur à l’arrière du groupe, les deux Marie préfèrent se mettre juste devant moi. Probablement pour ne pas gêner les autres, on a souvent ce sentiment quand on voit qu’on galère et qu’on avance moins vite.

Petite parenthèse : Il y a plein de théories sur l’emplacement des « lents/débutants » au sein d’un groupe en tout cas sur route. La théorie voudrait que le groupe adapte son allure aux moins rapides en les mettant derrière l’ouvreur. Mais en pratique, bien souvent les plus rapides ne veulent pas « perdre une journée de roulage à se faire chier derrière les lents ». C’est débile car les moins rapides, souvent débutants, n’ont personne pour leur montrer les bonnes trajectoires ainsi que les vitesses adaptées en entrée de courbe…

C’est donc avec les deux Marie devant moi que j’ai pu assister à l’instinct de survie de Marie-roadster ! Un peu plus loin, la transalp est partie à la faute et derrière elle, le roadster a pilé du frein arrière, se mettant par la même à l’équerre ! Mais en relâchant le frein elle est parvenue non seulement à éviter le carambolage mais aussi la chute ! Autant dire que vu de derrière, c’était à la fois miraculeux et magnifique !

On voit parfaitement la trace du pneu sans crampon partir en travers ! Après avoir remis la transalp sur ses roues grâce aux personnes revenues sur leurs pas pour nous aider, nous repartons tranquillement. Malheureusement pour Marie-transalp, le terrain bien boueux colle à la roue et fini par lui bloquer complètement la roue avant avec le garde boue. Cette fois-ci la chute occasionne de légers dégâts et avec Quentin nous sortons les outils. Comme je dis : « C’est beau d’être pilote d’usine avec une équipe technique ! » laughing

Démontage et nettoyage du garde boue pour retrouver une roue qui tourne, pansement au gros scotch pour le carénage, on en a aussi profité pour supprimer les caoutchoucs des cale-pieds pour que Marie retrouve du grip au niveau des pieds. Enfin je dis « on » … c’est surtout Quentin qui travaille, moi je gère l’intendance pour le moral des troupes.

Lucas viendra nous annoncer que l’autre Marie s’est mise une belle boite avec son MT et que le reste de l’équipe nous attend en haut sur un plateau où nous allons manger.

Il y a un peu de boue sur le trajet mais cerise sur le gâteau : une belle congère immaculée nous attendait juste avant l’arrivée. Le reste de la troupe ayant choisi de la contourner. C’est là que Quentin me sort :

Une congère ça ne se refuse pas !

Le boss est passé comme une fleur, accompagné des hurlements du transalp qui n’en demandait surement pas tant.

Motivé comme pas deux, je m’élance, plein de candeur mais dans un style tout à fait différent. Merci les copains de m’avoir aidé à sortir de ce guêpier.

Pause casse croute, histoire de discuter, débriefer. Ça fait du bien de se pauser deux secondes. Les Maries sont repeintes, il y a une certaine forme d’art dans les tâches de boue. smile

Les deux stars du jour ! Fort heureusement « nos » Marie sont deux guerrières (il y en aurait même une qui serait Valkyrie)  et un peu de terre ne les effraie pas. Et bien que fatiguées d’avoir tout donné dans la montée, elles semblent toujours vaillantes pour l’autre côté, en descente. Pendant le repas, deux voyageurs en 701/690 enduro, nous expliquent que le reste « ça va » mais c’est quand même gelé. Moi j’dis : on a pas la même définition du « ça va ».

Et en effet la suite, en descente, s’avère pleine de neige, de glace. Histoire d’éviter de fracasser les motos des deux Marie, nous progressons en accordéon, avec un ou deux pareurs de chaque côté quand cela est nécessaire. Et je peux vous dire que même en crampons, il y avait un petit air « d’Holiday On Ice » !

Et puis il faut toujours qu’il y en ait un qui aille chercher la m****, hein Barbiche ? foot-in-mouth

Pour ma part je me suis bien amusé. Ça me rappelait quand je vais au boulot et qu’il y a de la neige sur la route … les voitures qui collent au cul en moins. Mais avec tout ça on avance pas très très vite! Fort heureusement les pistes, bien que toujours un peu boueuses deviennent de plus en plus roulantes dans un paysage qui est bien différent de chez moi. Limite il faisait trop chaud !

Une fois le bitume retrouvé, nous nous retrouvons rapidement au pied du Rousset qui fut avalé par certains, comment dire ? … à bon train ! Bien à ma place de fermeur, je veille à ne perdre personne … En même temps il n’y a qu’une seule route pour aller en haut mais on est jamais trop prudent ! wink Et enfin nous arrivons au bivouac de l’hivernale à Vassieux-en-Vercors. On dresse le campement, chacun dans son style : ça va du minimaliste à l’hotel de luxe avec les immenses Lone Rider dans lesquelles on peut rentrer debout. (En arrière plan sur la seconde photo)

Petit aparté pour ceux qui, comme moi, n’ont jamais fait l’hivernale du Vercors. Lors de la vérification de l’inscription on vous remet un gobelet en carton pour de la soupe, un autocollant, un petit sac poubelle, et un gobelet plastique à l’effigie de l’hivernale. Tout est bien pensé : si la bière n’est pas gratuite, on peut avoir, si on demande gentiment, deux gobelets de soupe (je ne sais pas si c’est illimité) et le matin le thé et le café sont offerts aussi avec de la brioche. On peut aussi en prendre plusieurs fois si on abuse pas. Il y a un grand barnum avec de la paille au sol et quelques tables. Contrairement à mon expérience aux Millevaches, il semble qu’on puisse s’en servir pour manger notre nourriture. Il y a aussi un bar avec tireuse, génépi et tout ce qu’il faut pour se la mettre bien. Inutile de vous charger excessivement en alcool ! Si vous êtes juste en bagagerie, pour le coup autant privilégier les vêtements chauds. Côté bois, c’est aussi bien organisé puisque c’est près d’une scierie. On récupère les déchets qui sont de tailles raisonnables (pas besoin de sortir le merlin). Niveau commodités, des toilettes sèches en mode « cabane au fond du jardin » sont présentes et propres !

Pour le repas du samedi soir, chacun dans le groupe avait apporté de quoi boire et à manger pour une troupe complète ! En plat de résistance, j’avais apporté trois kilos de fondue moitié-moitié! Malheureusement une grande partie fut quelque peu gâchée du fait des ustensiles de camping. Les tôles qui composent les popotes sont assez fines et ne diffusent pas la chaleur aussi bien qu’un caquelon en fonte. Si on ajoute à cela des réchauds puissants mais avec une chauffe très focalisée, on obtient une fondue qui brule et sent mauvais. Heureusement, les gars de Vie de Motard sont bien équipés et Julien nous à sauvé la mise. Pour le reste de la soirée … On a pas le droit d’en parler. Ce n’est pas la première règle du Fight Club mais c’est la même qu’au football américain : « Ce qui se passe dans le bus reste dans le bus« . Et bien c’est pareil pour les hivernales. innocent (Mais globalement on garde tous notre pantalon … fait trop froid pour ces conneries)

Au petit matin, ce n’est plus la même. Les mines sont fatiguées, certains ont eu froid dans la nuit … Mais personne ne regrette d’être venu. Les vestiges de la soirée nous donnent une indication concernant la température qu’il a pu faire durant la nuit :

Oui oui : une bouteille de vin survivante a gelé. Selon Julien : « Le titrage d’alcool (NdR : le degré d’alcool) te donne la température en dessous de zéro à laquelle l’alcool va geler ». Ici une bouteille de 11 °C, donc on peut en déduire qu’il a fait au moins -11 °C dans la nuit. Un side-cariste nous confirmera, à l’aide de son thermomètre, qu’il a fait jusqu’à -12.6 °C. Pas mal !

Avant de tout ranger, un petit déjeuner près du feu principal (à côté du barnum) permet de nous requinquer. Rien que le temps de la collation, la barbe d’Anto a commencé à geler !

Les mines sont mâchées, ça parle moins et surtout moins fort que la veille … Ce sont  les joies des « lendemains de veilles » comme disent les cousins québecois. A la différence que tu n’es pas bien au chaud dans ton lit et qu’il faut tout nettoyer, replier dans le froid. Cela dit il ne pleut pas comme en 2017, c’est déjà ça! Tout le matos a gelé c’est proprement magnifique … mais froid bordel !

Nous finissons par repartir tous ensemble pour une dernière descente du col du Rousset. Barbiche et moi nous nous tirons la bourre en roue libre avec Julien et son solex. Un bonne tranche de rigolade, encore un truc qui me laissera d’excellents souvenirs ! A Die nous trouvons, bon an mal an, un endroit où acheter de quoi manger et se poser tous ensemble un dernier instant. C’est le moment de se dire au revoir. Il est  13 heures, je regarde le GPS pour voir ce que je peux faire pour rentrer, les autres sont partis chacun de leur côté … BIM le coup de spleen dans ma tête !

Histoire de faire le vide et peut-être aussi parce que j’en avais pas eu assez, je choisi de ne rentrer que par des cols/petites routes. Col du Rousset  (encore !), Grands et Petits Goulet, gorges de la Bourne (encore ouvertes étonnamment), canyon des Ecouges (et ses cascades de glace). Toujours un passage par les Échelles et enfin les Bauges. C’est là que j’ai commencé à prendre la pluie, juste avant le col du Leschaux. Pluie qui alternera avec la neige jusqu’au pied de la vallée verte où il ne tombera plus que de la neige ! C’était bien la peine d’aller dans le Vercors tiens !

Voilà j’ai fini mon récit mais pour clôturer, j’ai encore quelques trucs à annoncer : tout d’abord, les photos qui ne sont pas pourries (la majorité quoi) sont celles prises par Anto la Barroude qui m’a gentiment autorisé à utiliser ici.

Et surtout un immense merci à tous les organisateurs de l’hivernale et à toutes les personnes du groupe qui m’ont accueilli parmi eux. C’était dantesque, j’ai adoré, ça me manquait trop : on remet ça quand vous voulez !